Analyse d'un extrait de Madame Bovary de Flaubert de Célia Günther (4dN)
Madame Bovary est une œuvre écrite par Flaubert et publiée pour la première fois en 1857. Le texte parle, comme le titre l’indique, de la vie de Madame Bovary, une femme insatiable, mal mariée qui traverse au cours du roman des dépressions et des amours passionnels. Le livre montre aussi une province bourgeoise et hautaine parfois bête et pathétique. Aujourd’hui l’œuvre peut nous paraître trop longue et trop détaillée mais le style de Flaubert est très beau et plein de poésie.
Le passage que je vais analyser se trouve dans la deuxième partie, chapitre neuf de la page 227 à la page 230. L’extrait se situe à peu près au milieu de l’œuvre et Flaubert en personne appelait cette scène « la baisade ». Emma est devenue amie avec Rodolphe, un gentilhomme beau et imposant qui essaie à tout prix de la séduire. Le bel homme propose à Emma de faire une balade à cheval et elle accepte de l’accompagner. Les mots qui commencent cette scène sont ceux de M. Homais l’apothicaire : « Bonne promenade ! De la prudence surtout ! De la prudence ! ». Ces avertissements nous mettent en garde puisque nous, le lecteurs, connaissons déjà les intentions malpropres de Rodolphe. Puis suit toute une description des deux silhouettes qui partent au galop. Les mouvements sont sensuels et calmes, ils ne parlent pas beaucoup, mais leur silence n’est pas embarrassant. Emma s’abandonne aux doux bercements de la selle, ça aussi c’est un indice pour ce qui se passera plus tard dans le bois. Après la description des personnages suit une description du paysage. Emma essaie d’apercevoir sa maison et voit son village d’en haut. En quelque sorte elle observe sa vie de dehors et se rend compte qu’elle est étroite et « pauvre ». Madame Bovary a toujours rêvé d’une vie mondaine et intéressante, mais ici elle voit comment sa vie est petite et provinciale. Je pense qu’après avoir reconnu cela, elle était en bonne condition pour s’abandonner dans les bras de Rodolphe et pour se jeter dans l’aventure de devenir son amante. Par contre Emma n’est pas partante dès le début, elle est même troublée par les regards profonds que Rodolphe pose sur elle. Il commence aussi à s’approcher d’elle, lui frôle la jambe ou le bras. On comprend que Rodolphe est très attiré par Emma et l’intensité monte. La nature reflète la situation luxurieuse, le corbeau émet des cris rauques et doux, les chevaux soufflent fortement et les arbres sont gris, fauves ou dorés. Emma se sent de moins en moins en confiance, elle comprend où Rodolphe veut en venir, elle ne se sent pas à l’aise. Il commence à lui parler de son amour, elle est embarrassée et remue nerveusement son pied et se lève même pour partir. Rodolphe devient presque violent, il la saisit au poignet. C’est leur premier vrai contact physique et on voit que Rodolphe est très égoïste. Il la veut pour lui tout seul et il est surtout très frustré que sa séduction n’ait pas marché. Puis il rechange de face et redevient charmant et respectueux. Emma regagne en confiance et n’essaie plus de se débattre, il l’enroule par la taille. Rodolphe l’entraîne vers un étang recouvert de nénuphars et la jeune femme s’abandonne dans les bras du beau Rodolphe égoïste. « Le drap de sa robe s’accrochait au velours de l’habit. Elle renversa son cou blanc, qui se gonflait d’un soupir ; et défaillante, toute en pleurs, avec un long frémissement et se cachant la figure, elle s’abandonna. » C’est comme cela que Flaubert a décrit la scène où les deux font l’amour. Plus tard suit un autre passage où la nature est décrite autour d’eux. Le silence est revenu et le soleil couchant éblouit les yeux d’Emma, le petit bois frémit doucement.
Ce passage m’a beaucoup plu parce qu’il est plein de descriptions magnifiques et puis parce que les émotions y sont très fortes et contradictoires. Au début Emma essaie de se débattre, mais son désir d’amour et je pense aussi sa curiosité de découvrir la passion la poussent à se laisser aller dans l’étreinte de Rodolphe. Le passage est important pour l’histoire parce que c’est la première fois qu’Emma trompe son mari. C’est ici aussi que l’on rencontre le caractère négatif de Rodolphe qui fera sombrer Emma dans une longue dépression. En tout cas, c’est un passage fort intrigant que j’ai dû relire à plusieurs reprises.